![]() |
|||||
|
Le 15ème dîner-débat du Cercle :
mercredi 17 novembre 2004
Michel Camdessus
autour du thème
"Comment lutter
contre les freins à la croissance en France ? "
Pour accéder au rapport Camdessus en format PDF (publié par La Documentation française),
cliquez sur le graphique
Le parcours
|
Note de problématique Cette note a été rédigée par Thomas Lambert.
Le Cercle du Pont du Neuf a réfléchi, tout au long de l'année 2004, aux actions à mener et les réformes à entreprendre en matière économique et sociale. Notre échange avec Michel Camdessus portera donc, en premier lieu, sur sa dernière contribution au débat public au travers de son rapport rendu au Ministre de l'économie et des finances intitulé « le Sursaut, vers une nouvelle croissance pour la France ». Néanmoins, nous pourrons également ouvrir le débat à des horizons plus larges en interrogeant notre invité sur ses réflexions récentes à propos des questions de développement des pays pauvres et notamment de l'Afrique. Quatre ans après son départ du FMI, nous pourrons, plus généralement, solliciter le regard de Michel Camdessus sur les grands équilibres financiers internationaux. Enfin, accueillir Michel Camdessus doit être pour le Cercle du Pont Neuf l'occasion d'aborder, à la suite d'autres intervenants, les questions éthiques. Membre du conseil pontifical Justice et Paix, Michel Camdessus appartient à cette catégorie de hauts responsables publics qui n'ont eu de cesse de concilier leur action sur les affaires du monde avec une grande fidélité à des convictions fortes au service de la dignité de l'homme.
1. Quelle réforme pour la France ?
Le « rapport Camdessus », rendu au Ministre de l'économie et des finances en Octobre 2004, est issu des réflexions d'un groupe de travail composé par Michel Camdessus et rassemblant des personnalités issues d'horizons très divers. Sur le fond, le rapport se base sur un état des lieux nuancé de la situation de la France pour proposer, en s'inspirant d'expériences étrangères réussies (notamment dans les pays nordiques), cinq priroités pour la réforme :
Sans revenir sur chacune des propositions formulées par le rapport, notre débat pourrait porter sur la conception de la réforme proposée par Michel Camdessus. La réflexion proposée par le rapport apparaît originale à plusieurs titres :
Questions : quel rôle des jeunes actifs en France pour promouvoir la pédagogie de la réforme ? La « génération sacrifiée » peut-elle être mobilisée ? Comment gérer politiquement la remise en cause des rentes de situation que propose le rapport (CDI versus CDD, marchés des biens oligopolistiques, rentes des agents publics) ? La réduction de la taille de l'Etat peut-elle et doit-elle être présentée comme un objectif d'intérêt général en France ? Faut-il envisager d'acheter la réforme ? Néanmoins, l'accueil médiatique qui lui est réservé depuis un mois témoigne en lui-même du « Mal Français » qu'il tente de cerner et de contrer. Très vite en effet, l'idée d'un « rapport d'inspiration ultra-libéral » a vite fait son chemin pour disqualifier à l'avance tout débat autour de ses propositions phares. Questions : l'accueil réserve à votre récent rapport sur la réforme économique et sociale en France n'est-il pas un signe d'un très grave dysfonctionnement du débat public en France ? Comment y remédier ?
2. Une régulation mondiale de la finance internationale ? Michel Camdessus a assisté, durant les années qu'il a passées à la tête du Fonds monétaire international à l'extraordinaire essor de la sphère financière mais aussi à l'occurrence de très graves crises qui ont montré la très grande fragilité du système international, en l'absence d'autorités de régulation puissantes face aux marchés financiers. Michel Camdessus a présidé aux premières tentatives d'adaptation des politiques du FMI, en réponse à ses crises. Loin des caricatures des tenants de « l'alter-mondialisme », le FMI est aujourd'hui une institution en pleine mutation, ouverte au débat interne, prête à reconnaître les excès du passé et la nécessité d'une ouverture progressive et maîtrisée des flux de capitaux dans les pays en développement. Néanmoins, les vulnérabilités du système financier international demeurent fortes. Questions : les Etats-Unis, premier débiteur mondial, pourront-ils encore longtemps financer un déficit externe toujours croissant et maintenir la valeur du dollar ? La Chine peut-elle échapper aux excès d'une surchauffe et à une crise financière de grande ampleur ? Les pays émergents ont-ils retenu les leçons des crises du passé en pratiquant des politiques d'ouverture aux capitaux flottants plus prudentes ? Quelle est votre vision de la place de l'Europe dans le système financier international ? Peut-elle se protéger contre une hausse excessive de l'euro ? comment exister face au duopole américano-asiatique sur le marché des changes ? Pourquoi ne pas recommander la fusion des chaises européennes au FMI ? Quelle fut son expérience personnelle du rôle dirigeant des Etats-Unis au sein des institutions financières internationales ? Le FMI peut-il échapper à l'instrumentalisation politique de la part de ses plus grands actionnaires ? Enfin, l'action de Michel Camdessus dans le domaine du développement, notamment concernant l'Afrique, pourrait nous amener à l'interroger sur sa vision du financement de l'aide au développement. Questions : le débat lancé par le Président Chirac autour des taxes internationales a-t-il une chance de trouver un échos réel auprès des pays riches ? Peut-on encore croire que l'Afrique manque d'aide alors que le bilan des politiques d'APD menées dans le passé est largement négatif ? Que faut-il penser des idées britanniques de financements associant des mécanismes financiers innovants (IFF) permettant d'exercer un effet de levier pour financier la réduction de la pauvreté ? La France a-t-elle encore un rôle à jouer en Afrique ?
3. Et l'homme dans tout cela ? L'engagement éthique de Michel Camdessus au sein du catholicisme social doit être perçu comme une preuve de la grande complémentarité entre la réflexion sur les améliorations à apporter à la vie collective et le questionnement spirituel, quel qu'il soit d'ailleurs. La réflexion de Michel Camdessus concernant la réforme économique et sociale en France emprunte clairement à une philosophie du respect de la personne, du dialogue et de la solidarité. Néanmoins, la réforme semble aujourd'hui associée à des valeurs bien différentes : individualisme, inégalités, injustice, écrasement des plus faibles (en gros, « ultra-libéralisme »). Questions : comment une telle situation peut-elle être combattue ? Faut-il promouvoir l'exemplarité des élites ? (casser les rentes, n'est-ce pas commencer par casser celles des plus privilégiés ?) Quel rôle pour les élites et les futurs jeunes cadres de la France ? La réhabilitation de la valeur du travail doit-elle être perçue dans un cadre éthique ? Au plan international, l'action des pays développés et des organisations multilatérales pour aider les pays pauvres est souvent critiquée pour son manque de générosité (cf. les débats sur l'annulation de la dette) et l'hypocrisie des pays riches qui ne cherchent qu'à défendre leurs intérêts propres (voir l'action des grands actionnaires du FMI pour soutenir en priorité leurs "clients"). Il est vrai que l'aide au développement totale représente 50 Md$ (la guerre en Irak a, par exemple, coûté 250 Md$). Néanmoins, le jeu des pays pauvres vis à vis des institutions internationales et des bailleurs de fonds n'est pas non plus exempte de toute critique (chantage du faible au fort, non-respect des engagements, corruption). Dans ce contexte, l'action individuelle apparaît souvent comme totalement impuissante face à l'immensité de la tâche pour le développement. Néanmoins, face aux échecs répétés des grands programmes d'aide au développement gérés au niveau des Etats, l'action individuelle apparaît plus efficace. Questions : l'augmentation de l'aide des pays riches doit-elle être perçue comme une exigence morale ? Comment justifier auprès des opinions publiques une augmentation durable de l'aide ? L'argent est-il le seul problème (capacités des pays à gérer l'aide) ? Dans la gestion des programmes d'aide, la conditionnalité et la pression extérieure sur les gouvernements des PVD peut-elle être moralement justifiée (au delà de la simple recherche d'efficacité) ? Comment échapper au risque de "néo-colonialisme" ? Comment concilier approche individuelle et grandes politiques de développement qui seules peuvent avoir un effet marcroéconomique ? Quel rôle pour les ONG ? |